
Aujourd'hui, le cannabis est autorisé aux États-Unis dans 23 états (que ce soit pour des buts médicaux ou récréatifs). Apple avait toujours été réticent à donner une quelconque vitrine à toute forme de présence du cannabis sur l'Appstore. Des applications de jeu pour iPhone avaient ainsi été retirées après coup de l'Appstore : Weed Firm par exemple, un jeu sur iPhone dont le but était de faire pousser du cannabis, a été retiré de l'Appstore en mai 2014.
Signe des temps et de l'évolution des mentalités ou pressentiment d'un véritable business, coup sur coup plusieurs applications viennent de pointer leur nez sur l'Appstore. Il est vrai que le cannabis était le sujet de conversation phare aux États-Unis en 2014. Arcview Group, un cabinet d'analyse financière américain, est à l'origine d'un rapport dans lequel le secteur du cannabis est mis en avant comme le secteur qui a profité de la plus forte croissance aux États-Unis en 2014 : +74% en un an pour atteindre un chiffre d'affaires de 2,7 milliards de dollars.
C'est dans ce contexte que l'application Massroots revient sur l'appstore, trois mois seulement après en avoir été chassée. Ce retour est du à une politique de lobbying de massroots envers Apple afin de donner une image de progrès social à l'utilisation du cannabis à usage thérapeutique. Notons par ailleurs que Massroots est avant tout un media d'information à destination de la communauté des usagers de cannabis à travers les États-Unis, et l'application Massroots présente dans l'Appstore un vecteur parmi d'autres de ce media. Un bémol toutefois : l'application ne sera disponible à l'usage que dans les 23 états des États-Unis où l'usage du cannabis est permis.
Cette modification de l'attitude d'Apple à l'égard du cannabis reflète l'évolution des mentalités sur le sujet, mais également la prise en compte très économique que le cannabis représente un écosystème très rentable financièrement. Ainsi Leafly, qui est un distributeur officiel et légal de marijuana aux États-Unis, a développé son application de géo-localisation de points de vente (j'ai posté le lien dans un but d'information, l'application n'est utilisable que pour les américains). Et Leafly représente bien cette réalité économique à laquelle Apple a été sensible : un catalogue de ventes de plus de 600 produits à base de cannabis, disponible sur son iPhone, dont l'application identifie le point de vente le plus près et guide vers lui l'utilisateur-consommateur.
Autre signe de ce changement : une startup s'est construite et a réussi sa levée de fonds sur le principe de la livraison à domicile des commandes de cannabis à San-Francisco, Californie. Eaze promet la livraison de sa commande de cannabis à usage thérapeutique en 10 minutes à San Francisco. L'application pour iPhone permet de vérifier et contrôler l'ordonnance médicale et de suivre en ligne et en temps réel la progression de sa commande de médicaments. Surnommée le « Uber de la marijuana », Eaze embauche à tour de bras de chauffeurs-livreurs (payés 45$ l'heure, soit 35€) : seules contraintes savoir conduire et s'y connaitre en cannabis. Car Eaze ne produit rien, ne vend rien : elle sert juste de plateforme logistique aux dispensaires qui vendent légalement du cannabis sur ordonnance médicale.
Une application similaire, appelée Canary, a été développée par les étudiants de l'université de Washington à Seatle. En cherchant un peu, on s'aperçoit que le marché de la livraison de cannabis médical est un secteur en plein essor dans les grandes villes des États-Unis où la consommation de cannabis y est légale.
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